Pour les deux monothéismes
contemporains les plus radicaux, le christianisme avec son modalisme
où un Dieu unique se manifeste sous les trois modes du Père, du
Fils et du Esprit , est à peine un monothéisme. L'islam accuse
explicitement les chrétiens d'associationisme.
Malgré les réticences de la plupart
des institutions chrétiennes, en premier lieu de l'Eglise
catholique, l'observateur objectif – agnostique, athée surtout
s'il est chinois par exemple, ou indien - sera par contre frappé
par les affinités existant entre le christianisme et le bouddhisme,
surtout mahayana1.
Si le bouddhisme est agnostique – plutôt qu'athée – et le
christianisme théiste voire même monothéiste les deux systèmes
ont comme valeur principale la sympathie envers tous les humains –
charitas, karuna (même racine) pour les bouddhistes. Dans le
bouddhisme mahayana qui apparaît à peu près au même moment que le
christianisme, cette valeur fondamentale, sympathie, empathie,
compassion, devient une substance ou entité éternelle, la
bouddhéité (buddhatâ) dont le Bouddha historique n'est qu'une
incarnation, succédant à plusieurs autres (vingt et une) et
précédant Maitreya le Bouddha à venir (ajita).
Les autorités ecclésiastiques
chrétiennes, se fondant sur les racines historiques communes des
"trois religions du Livre" favorisent encore avec les
institutions représentant les religions abrahamiques un dialogue
qui ressemble souvent à un "dialogue de sourds" parce
qu'encore encombré d'un passé de conflits sanglants, de reproches,
de prétentions masquées à l'antériorité ou à la supériorité,
et de luttes de pouvoir ou d'influence. Au niveau de la base
cependant les croyants des différentes confessions chrétiennes
semblent s'associer plus facilement avec les fidèles des différentes
écoles du bouddhisme. Depuis plusieurs décennies ils se fréquentent
dans le cadre de "groupes de méditation", ou de projets
humanitaires communs, voire se marrient – tout en gardant leurs
identités respectives. Les bouddhistes occidentaux organisent
souvent leurs réunions dans le cadre de couvents ou monastères
chrétiens, de plus en plus dépeuplés, en Europe occidentale, et
beaucoup de chrétiens laïcs, moines ou clercs s'initient à une
forme ou l'autre de méditation bouddhiste, cependant que les "bouddhistes engagés" (engaged Buddhists) tendent à donner à la compassion bouddhiste une tournure moins théorique, contemplative et passive en s'impliquant ou finançant l'enseignement, l'assistance sanitaire et l'action humanitaire.
De nombreux juifs contemporains sont d'ailleurs
également séduits tant par la doctrine du Bouddha que par les
techniques qu'elles impliquent, (les Jew Bu aux USA). Et
plusieurs moines bouddhistes occidentaux fameux viennent du judaïsme
dont le fameux moine philologue américain Bhikkhu Bodhi.
Si les premiers contacts de l'Europe antique, "païenne",
polythéiste, avec l'Inde et le bouddhisme remontent sans doute aux
premiers siècles qui suivirent la mort du Bouddha – en témoigne
la conversion au bouddhisme des Grecs laissés au Pendjab et au
Gandhara par Alexandre, le roi gréco-bouddhiste Ménandre (Milinda),
ainsi que la découverte à Pompéi d'une statue du Bouddha (ou de
Mahavira ?) les premiers contacts entre l'Occident chrétien, l'Inde et l'Asie centrale et orientale sont également très anciens. D'après Frédéric Lenoir (La rencontre du
bouddhisme et de l'Occident, Albin
Michel, 2001) le christianisme fut dès ses origines informé
– fût-ce incomplètement – de la philosophie du Bouddha. Dès le
2 e siècle, Clément d'Alexandrie mentionne un Boutta dans ses
Stromata (220 EC), et le théologien Origène aurait été –
ainsi que Plotin – disciples du bouddhiste indien Amonios Sakkas.
Le débat entre partisans des affinités profondes entre bouddhisme et christianisme et ceux qui au
contraire ne voulaient voir que leur irréductible différence ne
date pas d'hier. Renan (Lenoir, p. 35) était persuadé que les
gnostiques des 2e – 4e siècles se partageaient entre partisans de
la libération par l'amour et l'oubli de soi (chrétiens) et ceux
préférant la libération par la connaissance et l'intelligence de
l'inexistence du "soi" et l'ascèse (bouddhisants). L'Atlas
historique Stock (éd. 1968) voit dans l' "unification des
Eglises primitives catholiques" le résultat de leur émergence
et différenciation d'un milieu gnostique où ces deux courants se
mêlaient.
Au 9 e siècle les Géorgiens célèbrent
la mémoire du Bouddha sous le nom de Saint Iodasaf qui deviendra
Saint Josaphat en Occident dès le 11 e siècle avant d'être inscrit
au martyrologue catholique en 1583. Au 13 e siècle les franciscains
Jean de Monte Corvino et Jean de Marignolli font l'éloge du mode de
vie des moines bouddhistes (Lenoir, p. 55). Le jésuite Cosme de
Torrès est impressionné par la dialectique des moines zen (Lenoir,
p. 63).
Mais c'est surtout à partir de la
redécouverte du bouddhisme par les Occidentaux du 17 e au 19e siècle
que le débat prend des proportions qu'il conserve encore de nos
jours (Lenoir, pp. 97-115).
Fénelon, évêque catholique, et ses
disciples quiétistes sont accusés de bouddhisme.
Au 18e les philosophes des Lumières
(Diderot, Voltaire, Pierre Bayle, etc.) tentent d'enrôler le
bouddhisme dans lequel ils voient une religion rationnelle et athée,
ou panthéiste. Pierre Bayle qualifie le juif hétérodoxe Spinoza –
élogieusement mais abusivement - de bouddhiste.
Au 19 e siècle, suite à la traduction
de textes du pâli, du sanscrit, du tibétain, du chinois et du
japonais, le débat rebondit. Chrétiens et libéraux athées ou
agnostiques continuent à se disputer à propos du théisme ou de
l'athéisme bouddhiste.
Parmi ceux qui s'intéressent à la
question citons Hegel et Schopenhauer. Parmi les lecteurs de ce
dernier : Freud, Kierkegaard, Bergson, Wittgenstein, Maupassant,
Tolstoï, Kafka, Mann, Proust, Camus, Céline, Borges, Wagner,
Mahler, Schönberg, Einstein, Chaplin ...
En France, les partisans laïques du
bouddhisme sont : Michelet, Victor Cousin, le géographe anarchiste
Elisé Reclus, Proudhon, Jules Ferry, Auguste Comte.
Dans le monde anglo-saxon : Emerson aux
USA, en Grande-Bretagne Max Müller – qui pose un bouddhisme
authentique pur de toute contamination religieuse (ce que
Serge-Christophe Kolm appelera plus tard "bouddhisme profond"),
Rhys Davids, le colonel Olcott croient en un noyau rationaliste du
bouddhisme.
Parmi les laïques gardant une
référence chrétienne : Renan qui parle du "Christ athée de
l'Inde" (Lenoir, p. 154), Edgard Quinet et son "Bouddha
"grand Christ du Vide", Alfred de Vigny qui préfère la
maitri bouddhiste à la charité chrétienne, tandis que le
britannique Edwin Arnold (The Light of Asia) voit dans Bouddha
un "Christ d'Orient".
Certains passent de l'intérêt à
l'hostilité. Pour Nietszche ce sont les parentés entre bouddhisme
et christianisme qui motivent ce retournement. Pour Victor Cousin et
Bathélemy Saint-Hilaire ce sont leurs différences.
Parmi les adversaires catholiques, un
des plus virulents sera Ozanam qui parle de menace panthéiste. Les
chrétiens libéraux par contre sont moins inquiets. Hippolite Taine
, perçoit surtout une communauté de valeurs. Lamennais (1829) est
frappé par la "conformité merveilleuse" du bouddhisme
avec les traditions chrétiennes. Félix Nève (1853) parle "du
seul adversaire moral que la civilisation occidentale trouvera en
Orient" (Lenoir, p. 115) et pour Guardini au 20e siècle
"Bouddha est le dernier génie religieux avec lequel le
christianisme aura à s'expliquer".
En 1834 Notovitch est à l'origine de
la première hypothèse relative à un voyage de Jésus en Inde
cependant que Adolf Hilgenfeld émet celle de contacts entre
bouddhistes et juifs esséniens à Alexandrie. Mais est-il nécessaire de postuler un déplacement physique du Nazaréen en Inde ou au Cachemire pour expliquer les thématiques communes entre les deux mouvements, alors que les rapports commerciaux et autres entre l'Inde et le Moyen-Orient sont avérés aux alentours des débuts de l'ère chrétienne et que le centre principal de ces rapports, Alexandrie, se trouve à moins de mille kilomètres de Jérusalem ?
Daisaku Ikeda, président de
l'association bouddhiste japonaise Soka Gakkai (1977) , croit que le
bouddhisme est à l'origine de la civilisation occidentale et du
christianisme (Lenoir p. 36).
La fin du 19 e voit l'efflorescence de
courants esotériques mystico-christiano-bouddhiste, la Société
théosophique de Helena Blavatsky du Colonel Olcott, Annie Besant,
l'Ordre de la Rose-Croix, la Grande Loge blanche, le spiritisme
d'Allan Kardec, partisans d'un évolutionnisme sans régression
possible – alors que pour les bouddhistes la régression de qui n'a
pas atteint le stade de sotâpanna (entrée
dans le courant) est toujours possible.
Une chose semble certaine : un débat
aussi ancien et ayant mobilisé autant d'énergie ne serait pas
possible s'il n'existait entre les deux mouvements aucune affinité.
Le christianisme moderne re-prendrait-il des caractéristiques bouddhistes ?
Bien qu'elle semble répondre à
l'invective de Nietzsche "Dieu est mort, rien n'est vrai, tout
est permis", c'est dans le protestantisme libéral allemand et
anglo-saxon que se développe à partir de l'humanisme athée de
Feuerbach (L'Essence du christianisme, 1941) la théologie dite de la
"mort de Dieu". L'Homme au sortir de l'enfance réaliserait
que certaines des qualités qu'il attribue à "Dieu" ne
serait que la projection des mêmes qualités en lui-même, telles
qu'incarnée dans l'image du Christ, illustrant ce que que l'homme a
de meilleur, de plus noble, de plus peur et de plus généreux. Il
peut dès lors se passer de Dieu et saisir que "l'athéisme est
le secret de la religion elle-même" (Lenoir, p. 162). "Le
bouddhisme est dès lors mis en avant ... comme modèle d'humanisme
sans Dieu" (ibidem). C'est dans le prolongement de ces
prémisses que s'inscrivent une grande partie de la théologie
protestante ultérieure où s'illustrent entre autre Gabriel Vahanian
en France (La mort de Dieu, 1957) et William Hamilton aux USA,
ainsi que Altizer, Bonhoeffer, Cox, Van Buren et d'autres. Reste
l'attachement au Christ comme maître spirituel, modèle et objet de
vénération, fonction que le Bouddha remplit aussi pour les
bouddhistes théravada. En France le romancier catholique Bernanos fut
sans doute aussi influencé par ce courant.
Plutôt que du
bouddhisme ce sont de différents polythéismes que rapprochent le
courant de recherche qui va de James Frazer à Eugen Drewermann en
passant par Franz Cumont, entre autres. Dans De
la naissance des dieux à la naissance du Christ
(Ed. Du Seuil, 1992, traduit de Dein
Name ist wie der Gesmack des Leben,
1986) le théologien et
psychanalyste allemand Eugen Drewerman remet en évidence – James
Frazer l'avait déjà fait dans son fameux Golden
Bough2-
que le Christ n'est qu'un, le dernier, de ces dieux de la
Méditerranée orientale – qui meurent, ressuscitent (p. 29) et
dont le culte est lié aux cycle des saisons ainsi qu'à la
consommation de pain et de vin. Voir aussi à ce sujet Franz Cumont,
Les mystères de Mithra et The Oriental Religions in
Roman Paganism. Dover Publications, Inc. New York, 1956.
Le Christ fut-il d'abord comme après lui Paul de Tarse, un nationaliste juif ? S'il nie en effet la distinction entre Juifs et Samaritains (parabole du Bon Samaritain) lorsqu'une Grecque ou Syro-Phénicienne demande son aide, sa première réaction est de la refuser car "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël" (Mt 15, 21-28 ; Marc 7, 24-30). C'est sur son insistance seulement qu'il accepte de faire un miracle en sa faveur.
Cependant, comme le dit Jean Soler (L'invention du monothéisme, p. 184) "Jésus et ses disciples ont fait leur deuil très tôt des aspirations héritée des ancêtres : être 'à la tête et non à la queue de toutes les nations', 'toujours en haut et jamais en bas' (Deut., 28, 13) comme Iahve en avait fait la promesse" pour aboutir à la déclaration "Mon royaume n'est pas de ce monde" (Jean 18, 33-36).
Le christianisme synthèse du monothéisme juif et des polythéismes d'Asie orientale ?
Même si le christianisme n'est au départ qu'un judaïsme dénationalisé, "un siècle après Jésus, le christianisme n'est plus une secte juive, c'est une nouvelle religion orientale (comme le culte de Mithra, d'Isis ou de Cybèle) détachée du peuple juif" (Jean Soler, Idem, p. 204).
Sur ce sujet et la réponse qu'apporte le christianisme à certaines apories anthropomorphiques d'un monothéisme prétendûment radical citons à nouveau et commentons Jean Soler (Idem) :
Le Christ fut-il d'abord comme après lui Paul de Tarse, un nationaliste juif ? S'il nie en effet la distinction entre Juifs et Samaritains (parabole du Bon Samaritain) lorsqu'une Grecque ou Syro-Phénicienne demande son aide, sa première réaction est de la refuser car "Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël" (Mt 15, 21-28 ; Marc 7, 24-30). C'est sur son insistance seulement qu'il accepte de faire un miracle en sa faveur.
Cependant, comme le dit Jean Soler (L'invention du monothéisme, p. 184) "Jésus et ses disciples ont fait leur deuil très tôt des aspirations héritée des ancêtres : être 'à la tête et non à la queue de toutes les nations', 'toujours en haut et jamais en bas' (Deut., 28, 13) comme Iahve en avait fait la promesse" pour aboutir à la déclaration "Mon royaume n'est pas de ce monde" (Jean 18, 33-36).
Le christianisme synthèse du monothéisme juif et des polythéismes d'Asie orientale ?
Même si le christianisme n'est au départ qu'un judaïsme dénationalisé, "un siècle après Jésus, le christianisme n'est plus une secte juive, c'est une nouvelle religion orientale (comme le culte de Mithra, d'Isis ou de Cybèle) détachée du peuple juif" (Jean Soler, Idem, p. 204).
Sur ce sujet et la réponse qu'apporte le christianisme à certaines apories anthropomorphiques d'un monothéisme prétendûment radical citons à nouveau et commentons Jean Soler (Idem) :
p. 127 : "L'association du Dieu
unique (masculin) et des fils d'Israël ( les mâles du peuple)
revient à nier (refuser) la dualité des sexes, qui est ce par quoi
les hommes s'apparentent aux bêtes." ... "dénégation de
l'animalité de l'homme – que l'on dit créé "à l'image
d'Elohim (Gen, 1, 27)".
Si Dieu est masculin, il a donc bien des caractéristiques humaines, anthropomorphique.
p. 129 : "Les Grecs ralliés au
monothéisme ... ont été les premiers à vénérer Marie ... dont
la tradition chrétienne rapporte ... qu'elle a fini ses jours à
Ephèse ... où se trouvait le temple d'Artémis ... (qui avait
supplanté elle-même, sur ce site, la déesse-mère Cybèle)."
.... p. 131 "Le 'peuple des
chrétiens' s'est accommodé fort bien de la virginité ... de Marie,
pourvu qu'il puisse lui adresser des prières ... Le génie du
christianisme a été de réintégrer le féminin dans l'Un et de
donner aux fidèles les mêmes possibilités plurielles de relation
avec le monde divin que le polythéisme en comportait. Ainsi, selon
son âge, son sexe et les circonstances de la vie, on peut se tourner
vers Dieu le Père, ou vers Dieu le Fils ... ou vers le 'petit
Jésus', et aussi vers Marie, mère de Dieu, ou vers la Vierge Marie,
ou encore vers l'épouse irréprochable de Joseph. Les croyants ont
à leur disposition l'éventail des rapports familiaux de base, comme
il en était avec les dieux de l'Olympe."
L'expansion du monothéisme en dehors de l'aire sémitique n'aurait été possible que par une "polythéisation" implicite que lui fit subir le christianisme.
L'hypothèse qui me paraît la plus
vraisemblable est la suivante. Beaucoup ont
souligné la parenté de la cosmologie, la métaphysique et de
l'épistémologie qui forment le fond de certains présocratiques
grecs, des écoles de Démocrite et Epicure (épicurisme), du
stoïcisme voire du cynisme, puis des traditions humanistes, laïques,
positivistes, libérales et matérialiste qui leur succédèrent
après la Renaissance, avec le bouddhisme théravada. J'ai personnellement
longtemps considéré – un peu abusivement - que le bouddhisme
était aux systèmes religieux et philosophiques de l'Inde ancienne ce que
l'épicurisme fut aux croyances et philosophies de la Grèce. Le Bouddha comme Epicure n'accorde d'existence aux dieux que mentale. Ce sont pour eux des produits de l'esprit humain. Et leur fonction est uniquement thérapeutique.
Mais une des caractéristiques de sa moralité le rapproche en même temps de l'épicurisme - qui recommandait une sympathie universelle - et du christianisme où l'amour du prochain aboutit à la charité, même si les premiers bénéficiaires en étaient les chrétiens. Si le Bouddha ne prêche pas l'amour du prochain, il fonde sa morale sur l'empathie :
Mais une des caractéristiques de sa moralité le rapproche en même temps de l'épicurisme - qui recommandait une sympathie universelle - et du christianisme où l'amour du prochain aboutit à la charité, même si les premiers bénéficiaires en étaient les chrétiens. Si le Bouddha ne prêche pas l'amour du prochain, il fonde sa morale sur l'empathie :
Tout le monde craint le bâton
Chacun redoute la mort
Si on peut se mettre à la place d'autrui
On ne devrait ni battre ni tuer aucun être vivant
(Dhammapada, 129)
Avec l'évolution qui mena le
bouddhisme indien au scepticisme de Nagarjuna, à l'idéalisme des
Yogachara et à la religiosité de l'amidisme, le bouddhisme mahayana
semble par contre prendre des caractéristiques qui le rapprochent du
christianisme :
- altruisme : la compassion l'emporte sur l'ascèse menant à la libération individuelle (nirvâna pour soi)
- salut par la dévotion à une entité éternelle (buddhâtâ) objet de dévotion sous les figures des "dhyani buddhas" illustrant les qualités de cette entité : Vairocana (enseignement), Amitabha (bienveillance, compassion), Akshobya (imperturbabilité), Ratnasambhava (générosité) et Amoghasiddhi (invincibilité). Cette bouddhéité, ce Bouddha transcendant, présentent certains des traits du Dieu éternel, omniprésent et omnipotent des monothéismes. C'est d'ailleurs ce point de la théologie bouddhiste qui justifie que les bouddhistes vivant dans les pays musulmans d'Asie du Sud – Malaisie, Indonésie – y bénéficient de la tolérance et de la protection de l'état musulman
- irréalité essentielle du monde physique
Si cette hypothèse était exacte, le
bouddhisme serait, paradoxalement, intimement lié aux deux courants
antagonistes, athée/agnostique d'une part, théiste, idéaliste et
matérialiste, laïque et religieux d'autre part, qui structurent les
traditions philosophiques et religieuses de l'Occident.
Le bouddhisme d'une part et non seulement certaines philosophies grecques anciennes mais aussi le christianisme d'autre part auraient ainsi communiqué par une
multitudes de canaux souterrains.
Un lieu illustre en Inde ces affinités
souterraines profondes entre le polythéisme indien, le bouddhisme et
le christianisme. Il s'agit du Centre de méditation Bodhizendo situé
à une quinzaine de kilomètres de Kodaikanal au Tamil Nadu. Ce
centre a été fondé et est dirigé par un jésuite indien, le Père
Ama, jésuite de plein droit ainsi qu'ayant reçu l'initiation d'un
lignage zen japonais. Le Père Ama est complètement jésuite et
complètement zen. Sur la question d'une "vie après la mort"
il garde un "noble silence". Bodhizendo reçoit de manière
régulière des retraitants hindous, parsis, chrétiens, bouddhistes, voire
musulmans, de toutes nationalités : indiens, asiatiques ou
occidentaux. Ces retraites sont des retraites zen classiques –
plusieurs heures de zazen par jour, obligatoires – mais une messe à
laquelle l'assistance est facultative est célébrée les dimanches.
Le site de Bodhizendo est :
www.bodhizendo.org
1 Alors
que le theravada évoque surtout les philosophies grecques
pré-chrétiennes : épicurienne, stoïcienne voire sceptiques ou
même cynique.
2 Edition
en ligne du Golden Bough : http://www.sacred-texts.com/pag/frazer/
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