Un seul Dieu ou un seul
Monde ?
Si le "socialisme indien"
(adopté par le Congrès dès 1936 ; à peu près tous les partis
indiens se réclament du socialisme) n'a jamais renié l'hindouisme,
cette nébuleuse de religions, de castes et de cultes tribaux, un
univers en soi, et avait fondé son identité sur la tolérance des
religions exogènes minoritaires que sont le christianisme et
l'islam, la Chine maoïste a par contre d'emblée découragé les
croyances et les pratiques religieuses, même les plus
traditionnellement chinoises - taoïsme, confucianisme, bouddhisme –
et strictement contrôlé les institutions religieuses. La Révolution
culturelle accentua encore cet aspect antireligieux de l'idéologie
officielle. Touts les énergies devaient être concentrée sur
l'édification de la patrie socialiste et la religion dans ce
contexte était considérée comme une insoutenable distraction.
En Inde, le retour au pouvoir de la
droite avec l'élection du candidat du BJP, Narendra Modi, coïncidant
avec l'aggravation de la tension entre les musulmans Ouighours du
Xinjiang chinois, avec celles entre les majorités bouddhistes
theravada et leurs minorités musulmanes respectives en Thaïlande,
au Sri Lanka et au Myanmar marque sans doute un tournant dans
l'attitude des pays de l'Asie de l'Est envers l'islam qu'ils avaient
ignoré jusqu'à récemment1.
Ces événements coïncident par
ailleurs avec, à l'ouest, au Moyen Orient, l'irruption de l'ISIS sur
la scène moyen-orientale et sa fulgurante prise de contrôle d'une
grande partie des territoires irakien et syrien, drainant un nombre
considérable de jeunes musulmans occidentaux en majorité
"européens",
la guerre entre le gouvernement
légitime (ou officiel) et les factions tribales et/ou islamistes en
Libye et les conflits endémiques entre chrétiens et musulmans en
Afrique subsaharienne (Mali, Nigeria, Centre-Afrique). En Europe
plusieurs décennies d'une vaine politique d'apaisement de l'islam et
de l'islamisme, n'ayant pas empêché, depuis la fin des années 60,
détournement d'avions et attentats petits et grands, d'abord à
l'initiative des nationalistes palestiniens puis des islamistes de
différentes obédiences, aboutissent à des attentats massifs
(Londres, Boston, Madrid)
ou spectaculaire (Attaque de Charlie
Hebdo en janvier 2015) et à une montée des partis de droite et
d'extrême-droite partout sur le sous-continent européen.
Même si, au lendemain de cette attaque
le Premier ministre français Manuel Valls déclara une "guerre
totale à l'islamisme radical", il est peu probable que la
dépendance de l'Europe des ressources énergétiques du Moyen-Orient
et de l'Afrique du Nord, la proximité de ces régions, et la
présence sur le territoire de l'Europe de l'Est d'importantes
minorités originaires de ces régions, par ailleurs très proches,
les hoquets du processus d'intégration de l'UE et donc la
balkanisation du sous-continent, pris entre le Commonwealth
anglophone (USA, UK et leur bras armé, l'Otan) la Russie et le Dar
al Islam, y permette des mesures plus radicales du type de celles
qu'ont déjà prises et continueront sans doute à prendre la Chine,
l'Inde ou la Birmanie, sans parler de la Thaïlande.
Globalement si par rapport à
l'islam, l'Occident semble sur la défensive, l'Extrême-Orient
semble prendre des postures moins timides.
Les premiers mois du règne de Modi
furent marqués par des événements inimaginables sous le Congrès,
même s'il était déjà arrivé que des représentants régionaux de
ce dernier parti aient été impliqués dans des incidents visant la
minorité musulmane indienne.
En particulier, les campagnes de
"reconversion à l'hindouisme" (ghar svap) de
musulmans et de chrétiens organisées par le Rashtriya
Svayamsevak Sangh, organisation chapeautant plusieurs
organisations hindouistes, et dont le BJP, parti de Modi, est proche,
choquèrent l'opinion internationale mais aussi certains secteurs de
l'opinion indienne. Notons cependant que ces campagnes ont jusqu'à
présent évité de prendre pour cible les néo-bouddhistes
ambedkarites, sur la base sans doute que l'orthodoxie hindoue
persiste à considérer le bouddhisme, religion d'origine indienne,
comme une des nombreuses écoles qui constituent la nébuleuse
hindoue. Les bouddhistes auraient toujours été, seraient et seront
toujours des hindous, mêmes si les intéressés le nient.
D'autres initiatives telles que celle
visant à faciliter l'obtention du droit de résidence et/ou de la
nationalité indienne pour les détenteurs d'une autre nationalité
mais d'origine indienne et de religion hindoue, ou sa proposition en
septembre 2014 d'instauration par l'ONU d'une journée internationale
du yoga – le 21 juin - adoptée en décembre (177 voix sur 193)
renforcent l'image d'un hindouisme se départissant de l'amorphisme
protéiforme qui l'avait rendu vulnérable aux entreprises de
religions mieux structurées, organisées ou centralisée. Avec Modi,
les ressources de l'Etat indien lui-même se mettent au service d'un
hindouisme global et militant. En novembre 2014 un Ministère du
Yoga est créé visant à promouvoir le yoga comme outil "pour
le rassemblement de l'humanité", ainsi que la médecine
traditionnelle ayurvédique.
Modi a beau être dans l'environnement
indien très marqué à droite, un trait important du personnage est
que, s'il est indéniablement hindou, il n'est pas issu des castes
supérieures de l'hindouisme 2
(brahmines et kshatriya) dont traditionnellement les professionnels
de la politique indienne sont issus, y compris ceux des partis de
gauche, marxistes ou maoïstes. Si Modi est hindou, il semble avoir
compris que l'idéologie "castéiste" et la structure de
caste avait des conséquences négatives pour la société indienne,
son développement économique, ainsi que pour l'image globale de
l'hindouisme.
Certains de ses gestes aussi comme
celui où il se fit filmer en train de balayer la rue, activité
réservée aux castes inférieures, peut-être considérée comme une
revendication de ses origines sociales, ce qui est rare dans contexte
sociologique de l'hindouisme.
Les dieux de l'hindouisme, faces
multiples d'un Absolu unique (Brahman) sont donc loin d'être passés
de mode, d'autant plus que certains secteurs même de la population
musulmane ont conservé – souvent par le biais du soufisme – des
conceptions et pratiques d'origine hindoue. Même les chrétiens sont
influencés dans leur théologie par le milieu hindou ambiant, allant
parfois jusqu'à faire du Christ une parmi d'autres des faces de
l'Absolu ou Brahman. Les cas de prêtres catholiques intégrant des
rites hindous dans leurs prestations liturgiques ne sont pas rares,
et il existe des monastères ou centres de méditation où le
christianisme et une ou plusieurs des traditions religieuses hindoues
se croisent et se mélangent 3.
*
En
Chine
Les
dix-mille choses – le nombre infini des phénomènes - ne font
qu'un.
Comme le note François Thual4,
le bouddhisme en Chine au début du XX e siècle, à la fin de la
dynastie des Qing, ne jouait plus aucun rôle, "ni politique, ni
géopolitique". Malgré "l'extraordinaire floraison
philosophique de ses écoles de pensée au Moyen-Âge, lesquelles
donnèrent naissance au chan,
appelé à devenir le zen au Japon, la
contre-réforme néo-confucianiste des XIII e et XIV e siècles avait
en Chine, comme au Vietnam, fini par "marginaliser le bouddhisme
chinois". Dans l'idéologie des "Trois Religions n'en
faisant qu'Une" la place du bouddhisme s'était d'autant plus
réduite que "la révolte des Taïpings en 1850 avait détruit
des milliers de temples. Les seules régions où il constituait
encore un phénomène important ... étaient les périphéries
conquises et soumises comme la Mongolie et le Tibet". Et cela en
dépit du fait que les derniers empereurs Mandchous fussent des
dévots du bouddhisme lamaïste mongole.
Aux
yeux des nationalistes modernisateurs du Kuomingtang le bouddhisme
apparut "comme un handicap au développement de la Chine et
connut même des persécutions sous le régime de Tchang Kai-shek
durant l'entre-deux-guerres.5"
Le
régime de Mao Zedong fut plus implacable encore. Considérant le
bouddhisme comme "une survivance de la culture féodale ...
arrestations, assassinats et destructions s'abattirent sur la société
bouddhiste dès 1949.6"
Une
association de bouddhistes de Chine (Zhonhguo Fojiào
Xiéhui : BCA, Buddhist Chinese
Association7)
fut cependant créée en 1953 à la demande de disciples du moine
humaniste Taixu. Son siège était le Temple Guanji de Pékin. Comme
les autres Eglises et associations religieuses patriotiques
(taoïstes, confucianistes) elle était placée sous le contrôle
d'une Administration d'état pour les affaires religieuses (State
Administration for Religious Affairs)
et servait de lien entre les bouddhistes, leurs organisations et le
gouvernement ainsi qu'avec les organisations bouddhistes
internationales. Mais, nous dit François Thual8,
"elle ne fut qu'une courroie de transmission destinée à
domestiquer encore un peu plus les rares survivances de la religion
du Bouddha, tout en servant de vitrine pour l'extérieur. Cette
persécution politico-administrative ... [fut suivie] de la vague de
violence meurtrière et iconoclaste que fut la Révolution culturelle
à partir de 1967 ... à partir des années 1970, les choses
commencèrent à s'apaiser ... permettant aux rares structures
bouddhistes qui avaient survécu ... de reprendre une apparence de
vie sociale".
L'article
36 de la Constitution de la République populaire (1982) déclare
"Les citoyens de la République populaire de Chine jouissent de
la liberté de croyance. Aucun organisme d'état, pouvoir public ou
individu ne peut obliger les citoyens de croire ou ne pas croire en
une religion quelconque. ... Nul ne peut utiliser une religion pour
... troubler l'ordre public ... Les associations religieuses et
leurs affaires ne peuvent être l'objet d'interférences
étrangères"9.
Cette
attitude de l'Etat communiste chinois par rapport aux religions n'est
pas sans rappeler une doctrine qui fut en vogue en Europe, en Prusse
et en Autriche particulièrement, à l'époque de l'Aufklärung et du
despotisme éclairé : le joséphisme. Pour Joseph II, l'état ne
pouvait prétendre qu'au contrôle des corps (et donc des
comportements et manifestations extérieures du sentiment ou de la
croyance) cependant que les individus devaient rester seuls maîtres
de leurs âmes (de leurs croyances, opinions et convictions)10.
Pour le joséphisme, ainsi que pour Frédéric II de Prusse,
l'autorité de l'Etat prévalait nécessairement sur celle des
Eglises. Le théologien prussien Spalding "accorde à l'Etat le
droit de vérifier si la religion est conforme à ses propres buts,
soit au maintien de l'ordre et à l'organisation de l'assistance
publique" (Henri Brunschwig, Société et romantisme en Prusse au
XVIII e siècle, Flammarion-Science, 1947-1973, p. 31). A l'article
"joséphisme religieux" de wikipedia
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9phisme#Le_Jos.C3.A9phisme_religieux)
consulté le 26/4/2015, nous lisons :
Pour lui [Joseph II] et ses
conseillers, selon le « droit naturel » le premier but
d'un État est d'apporter à ses ressortissants tout le bonheur
possible. Seule la religion qui lie les consciences peut empêcher
les individus de négliger leurs devoirs et de manquer de
bienveillance les uns envers les autres, et c'est pourquoi l'État
voit en elle le facteur principal de l'éducation : « L'Église
est une section de la police, elle doit servir aux desseins de l'État
jusqu'à ce que le peuple soit suffisamment éclairé pour qu'une
police universelle la remplace. » (Sonnefels). Riegger, un
érudit, tirait de la théorie du contrat primitif la prédominance
de l'État sur l'Église (« pactum unionis ») en ce sens
que le gouvernement, au nom de tous les individus, exerce une
certaine juridiction religieuse, les « jura circa sacra ».
Un autre érudit (Gmeiner) formulait la théorie que toute
législation qui contredit les intérêts de l'État contredit le
droit naturel et par conséquent la volonté du Christ ; il en
résulte que l'Église n'a pas le droit de prescrire de telles lois
et que l'État ne saurait les accepter.
Nous
avons vu 11
qu'à partir de 2005, et
sans doute déjà dès 2001, suite à l'attentat contre le World
Trade Center le 11 septembre,
le parti avait initié une politique de promotion tant en Chine qu'à
l'étranger, de ses deux autres religions traditionnelles, le taoïsme
mais surtout le bouddhisme. L'application de cette politique fut
confiée à cette même association. À
cet effet l'ABC fut autorisée à établir des contacts avec les
lignages monastiques parallèles ou équivalentes à Taiwan ainsi
qu'avec les organisations bouddhistes internationales. Elle publiait
également la revue Chinese
Buddhism.
Jusqu'en 2001-2005 le gouvernement
chinois, avait paradoxalement laissé plus de liberté aux religions
universalistes d'origine étrangères telles que les confessions
chrétiennes et surtout l'islam – en particulier à l'Ikhwan, ou
Frères musulmans - qu'aux religions traditionnelles chinoises,
taoïsme et bouddhisme particulièrement, suspectes d'entretenir les
pratiques superstitieuses encore profondément enracinées dans
certains secteurs de la population des campagnes entre autres. En
particulier, s'il contrôlait assez étroitement les organisations
chrétiennes, et particulièrement l'Eglise catholique – placé
sous la tutelle de l'Eglise catholique patriotique -
les organisations des musulmans chinois dits "Hui" avaient,
dans le cadre des relations de la Chine avec l'Arabie Saoudite, les
états du Golfe et autres états musulmans fournisseurs ou cruciaux
pour l'acheminement de la manne pétrolière, bénéficié d'une
assez grande latitude, entre autres pour l'organisation de pèlerinage
vers La Mecque. Elle ne faisait en somme rien d'autre que ce
l'Occident avait fait depuis depuis le pacte de Quincey et la
première crise pétrolière.
Reflétant, par une sorte de jeu de
miroirs croisés, ce qui s'était passé en Occident depuis la
Renaissance, quand la critique du christianisme se fit au nom de la
raison, appelant parfois à la rescousse les religions orientales
censées vues d'Occident plus rationnelles que le christianisme, la
critique chinoise des religions traditionnelles se fit dès la fin du
19e siècle au nom de la science, Et pour les Chinois "progressistes"
qu'ils fussent d'ailleurs nationalistes ou communistes, la "science"
et les techniques venant d'Occident, les religions occidentales, le
christianisme en particulier, bénéficiaient d'une aura
"scientifique". La religion de l'Occident, patrie de la
science et des techniques devait elle aussi être plus scientifique.
N'oublions d'ailleurs pas que les premiers jésuites représentant
l'Eglise catholique en Chine, Matteo Ricci et Verbiest par exemple,
étaient aussi des techniciens – mécaniciens
et horlogers.
Deux facteurs déterminèrent sans
doute le changement d'attitude du Parti à l'égard de ses religions
traditionnelles. Le premier fut sans doute l'attentat du 11 septembre
à New York qui rappelèrent à ces "matérialistes
scientifiques", s'il en était encore besoin, que les croyances
religieuses pouvaient être mobilisatrices et la variable religieuse
ne devait pas être négligée 12.
Le second facteur fut sans doute que
vent finit par leur parvenir que la "mode" du bouddhisme en
Occident était en partie motivée par le fait que beaucoup
d'Occidentaux - Einstein, Levi-Strauss et beaucoup d'autres -
considéraient la métaphysique bouddhiste, indienne en fait – un
monde éternel et infini,sans créateur ou cause première - comme
plus facilement conciliables avec les présupposés de la science
moderne.
En 2006, la BCA et l'Association
bouddhiste de Hong Kong purent organiser à Hangzhou et Zhoushan le
deuxième Forum Bouddhiste Mondial (World Buddhist Forum),
accueillant moines et bouddhologues de cinquante pays. En 2009, le
troisième Forum
Bouddhiste Mondial se tint pendant quatre jours à Wuxi, dans la
Jiangsu.
Le Vénérable Xue Cheng, abbé des
monastères de Famen – près de Xian – et de Longquan – au
nord-est de Pékin - fut un des acteurs de cette récupération de la
tradition bouddhiste de la Chine par le gouvernement chinois.
Fu Ruilin est né en 1966 à Luofeng,
dans la Province du Fujian. En 1982, à l'âge de 16 ans, il entre
comme novice au monastère de Guanghua. En tant que moine il reçoit
le nom de Xue Cheng. En 1982, à l'âge de 18 ans, il entre à
l'Université bouddhiste de Chine (Buddhist College of China).
A 22 ans, en 1984, il obtient la licence (master) en bouddhologie et
prononce les voeux (reçoit les préceptes) qui font de lui un moine
à part entière (upasampada). En 1990, à 24 ans il est désigné
comme abbé du monastère de Guanghua, ce qui fait de lui le plus
jeune abbé titulaire d'un grade académique. En 1991, il est nommé
Vice-Président de l'Académie bouddhiste du Fujian et en 1993,
Vice-Secrétaire général de la BAC. En 1994, il représente pour
la première fois le bouddhisme chinois à l'étranger dans le cadre
de l'exposition de reliques corporelles du Bouddha en Thaïlande, où
domine pourtant le bouddhisme théravada. En 1995 il est promu
Président de l'Académie bouddhiste du Fujian et est le premier
moine de l'ethnie des Han à assister au rite tibétain de sélection
(réincarnation) du 11e Panchen Lama. En 1998, à 28 ans, il est
désigné comme Président de l'Association bouddhiste de la Province
du Fujian.
En 2002, à l'âge de 36 ans, peu après
l'attentat du 11 septembre 2011 à New York, il est nommé
Vice-Président et Secrétaire général de la BAC. En 2004, à l'âge
de 38 ans, il devient abbé de l'ancien et fameux monastère de
Famen, à l'Ouest de Xian dans le Shaanxi où il reçoit le Président
Hu Jintao. Il y restaure la tradition des retraites d'été (Vasa).
En 2005, il est nommé abbé du monastère de Longquan, près de
Pékin, au Nord-Ouest du Palais d'été. Il y restaure également la
tradition des retraites d'été. La même année, il dirige deux
délégations en dehors du pays, l'une en Corée, l'autre en
Indonésie, où il assiste au premier rite de prise de voeux
monastiques dans ce pays depuis 500 ans, c'est-à-dire depuis la
disparition du bouddhisme dans ce pays.
En 2006, afin d'atteindre aune audience
plus large, il inaugure un blog. Il sera aussi un des orateurs
principaux du World Buddhist Forum. En 2007, il reçoit le
titre de Docteur honoris causa de l'Université Royale de
Mahachulalongkorn à Bangkok. Le premier volume de son blog, Monk
Blog, est publié.
En 2008, suite au tremblement de terre
qui vient de dévaster le Sichuan, il se rend sur place pour suivre
les activités de l'organisation humanitaire bouddhiste Ren Ai
(Humanité), qui organise des écoles temporaires, et visiter les
temples et monastères dévastés. Il inaugure le site web Voice of
Longquan et publie six volumes (de II à VII) de son blog.
Notons à ce sujet que le bouddhisme promu par la BAC se veut "socialement utile". En harmonie avec la doctrine du PC, il semble aussi faire sien le concept de "bouddhisme engagé" ou de "compassion active" qui s'est répandu au cours des deux dernières décennies dans les différentes écoles de bouddhisme tant chinois (à Taiwan) que dans les autres pays de tradition bouddhiste et en Occident.
Notons à ce sujet que le bouddhisme promu par la BAC se veut "socialement utile". En harmonie avec la doctrine du PC, il semble aussi faire sien le concept de "bouddhisme engagé" ou de "compassion active" qui s'est répandu au cours des deux dernières décennies dans les différentes écoles de bouddhisme tant chinois (à Taiwan) que dans les autres pays de tradition bouddhiste et en Occident.
En 2009, il donne une conférence sur
"Une interprétation moderne du bouddhisme chinois" à la
Bibliothèque nationale de Chine.
En juin 2012 la 26 e Conférence de la
World Fellowship of Buddhists13
bien que fondée à
l'initiative d'organisations théravada, s'était tenue
à Yeosu en Corée du Sud, pays de tradition mahayana.
Poursuivant cette orientation
oecuménique entre le theravada et le mahayana sur l'initiative
conjointe de la WFB et de la BAC, la 27 e Conférence générale de
la WFB14
se tint pour la première fois en Chine, au monastère de Famen, à
Baoji au Shaanxi, le 16 octobre 2014. Elle rassemblait 600
représentants de 30 nations et régions, parmi lesquels le 11e
Panchen Lama et Nichiu Mochida abbé du monastère tokyote de
Sogen-Ji. Y assistait également Yu Zhengsheng, président du Comité
national de la Conférence politique consultative du Peuple chinois
(CPPCC : National Committee of the Chinese People's Political
Consultative Conference)15,
soit plus ou moins l'équivalent
de nos parlements.
Baoji et Famen, ainsi que Xian se
trouvant sur la route qu'emprunta Xuan Zang, ce fameux moine et
traducteurs chinois qui sous les premiers Tang (7e siècle EC) ramena d'Inde des
textes bouddhistes, sa mémoire fut honorée par l'assemblée.
Continuant l'oeuvre des traducteurs indiens et centre-asiatiques qui
firent le trajet en sens inverse entre le 3e et le 6e siècle EC, Xuan Zang consolidait un des
premiers courant d'échanges entre la Chine et le monde extérieur
qui devait aboutir à l'émergence d'une bouture originale, déjà
très moderne, de la famille bouddhiste, promise à de riches
développements au Japon, en Corée et au Vietnam.
Les communications saluèrent également
l'augure du développement à venir des relations entre les
bouddhisme du Sud et ceux de l'Asie de l'Est et du Nord-Est. Un
message du Président srilankais Rajapaksa émit le souhait qu'une
meilleure communication entre les différentes écoles du bouddhisme
mondial renforce les chances de paix.
Parmi les résolutions adoptées :
- La 27e Conférence de l'Association Bouddhiste Mondiale appelle la communauté mondiale à poursuivre et renforcer son engagement en vue du développement et du bien-être humains, de la réduction de la pauvreté et de l'inégalité.
- A intégrer les enseignements du Bouddha dans les fondements d'une société pacifique et harmonieuse.
- A promouvoir les échanges et le dialogue inter-religieux et inter-culturels afin de réduire les malentendus et la méfiance entre les différentes communautés.
- A presser tous les bouddhistes de contribuer à la préservation d'un environnement durable par la réduction de l'avidité, l'adoption d'habitudes de consommation respectueuses de l'environnement et le contrôle des pulsions consommatrices.
- De presser toutes les sociétés et communautés du monde de sauvegarder le respect des valeurs humaines visant à la consolidation des bases de l'égalité.
- De promouvoir la spiritualité et les pratiques religieuses quelques soient leurs contextes culturels et sociaux.
- De veiller à la préservation des patrimoines bouddhistes, tangibles et intangibles, lorsqu'ils sont menacés en différentes parties du monde
- De promouvoir l'éducation éthique et morale éthique de la jeunesse bouddhiste afin d'en faire les agents d'une citoyenneté mondiale humaine et responsable.
- D'inviter la communauté internationale à poursuivre ses efforts en vue de fournir aux femmes exploitées des chances équitables en matière d'éducation et d'accès aux professions, afin de rehausser leur qualité de vie.
- De fournir éducation et formation professionnelle aux communautés sous-développées de manière à améliorer leur situation économique et sociale.
Nous nous engageons à collaborer avec
tous les êtres humains afin de réaliser les conditions minimales du
bonheur par une culture de la sympathie, de l'harmonie sociale par
une culture du respect, de la paix mondiale par une culture de la
réconciliation, et de la bienveillance par une culture de la
fraternité.
Having successfully conducted the 27th General Conference, we hereby unanimously resolve :
1.To appeal to the world community to strengthen their ongoing engagements in humanitarian and social welfare development, in order to reduce social inequality and poverty.
2.To pursue and establish peaceful and harmonious society through applying the teachings of the Buddha.
3.To promote inter-religious and inter-cultural understanding through dialogues to reduce mistrust and misunderstanding among the communities.
4.To urge all Buddhists to contribute to environmental sustainability through the mindful reduction of greed and through practicing green-consumption in their daily life.
5.To urge world communities to maintain respect of human values in order to uphold equality of human beings.
6.To encourage promotion of spiritual and religious practice irrespective of cultural or social backgrounds.
7.To work for the preservation of intangible and tangible Buddhist cultural heritages which are in danger in different parts of the world.
8.To promote moral and ethical education among Buddhist youth to support them to be humane and responsible global citizens.
9.To appeal to the international community to sustain their ongoing effort to provide educational and professional opportunities to underprivileged women to improve their quality of life.
10.To provide education and skill development to impoverished communities to help improve their economic and social circumstances.
We vow to work with all human beings to achieve human happiness through kind heart; social harmony through respect; world peace through reconciliation; and to promote goodwill through fellowship.
Having successfully conducted the 27th General Conference, we hereby unanimously resolve :
1.To appeal to the world community to strengthen their ongoing engagements in humanitarian and social welfare development, in order to reduce social inequality and poverty.
2.To pursue and establish peaceful and harmonious society through applying the teachings of the Buddha.
3.To promote inter-religious and inter-cultural understanding through dialogues to reduce mistrust and misunderstanding among the communities.
4.To urge all Buddhists to contribute to environmental sustainability through the mindful reduction of greed and through practicing green-consumption in their daily life.
5.To urge world communities to maintain respect of human values in order to uphold equality of human beings.
6.To encourage promotion of spiritual and religious practice irrespective of cultural or social backgrounds.
7.To work for the preservation of intangible and tangible Buddhist cultural heritages which are in danger in different parts of the world.
8.To promote moral and ethical education among Buddhist youth to support them to be humane and responsible global citizens.
9.To appeal to the international community to sustain their ongoing effort to provide educational and professional opportunities to underprivileged women to improve their quality of life.
10.To provide education and skill development to impoverished communities to help improve their economic and social circumstances.
We vow to work with all human beings to achieve human happiness through kind heart; social harmony through respect; world peace through reconciliation; and to promote goodwill through fellowship.
Le maître Xue Cheng a participé à la
Rencontre annuelle des nouveaux Champions du Forum d'été de Davos
qui s'est tenu en Chine, à Tianjin, du 10 au 12 septembre 2014 au
Centre de Conférences Meijiang (Annual Meeting of the New
Champions 2014, Tianjin Meijiang Convention Center).
Notes
1 Mes
étudiants à Hanoï dans les années 90 en étaient tellement peu
informés que certains croyaient que le judaïsme était une secte
musulmane. La perception de l'islam devait sans doute commencer à
changer dans les pays à la culture marquée par le bouddhisme à
partir de la destruction des Bouddhas de Bamiyan, en 2001.
2 Il
appartient à la caste des Modh Ghanchi (presseurs d'huile),
une des OBC (other backward castes) classée sur l'échelle
des "varna" entre les vaishya (petits commerçants)
et shudra (cultivateurs), et a commencé sa carrière comme
vendeur de chai dans les gares. C'est son adhésion au
Rashtiya Svayam Sevak, puis au Bharatiya Janata Party
– deux des éléments de la nébuleuse politique de l'
extrême-droite indienne (Sangh Parivar), avec le Shiv
Sena et le Vishwa Hindu Parishad, qui firent sa fortune
politique.
3 Entre
autres le monastère cistercien de Kurishumala au Kerala et le
Centre de méditation zen Bodhizendo fondé par un jésuite indien,
le Père Ama.
4François
Thual, Géopolitique du bouddhisme, Editions des Syrtes,
Paris, 2002, pp. 17-18.
5 ibidem,
p. 18.
6 Idem,
p. 59-60.
7 Wikipedia,
Buddhist Chinese Association.
8 Idem
p. 60.
9 Traduit
de l'anglais dans Wikipedia, Buddhist Chinese Association.
10 Voir
correspondance entre Joseph II et Marie-Thérèse d'Autriche in
http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/sub_document_s.cfm?document_id=3637
11 Voir
chap. I, Parenthèse monothéiste.
12 "a National Conference on
Religious Work was held between December 10-12, 2001 by the Central
Committee of the Communist Party of China and the State Council. The
conference provided strategic and far-sighted guidance for the
country’s religious work in the new century. President Jiang Zemin
spoke highly of the status and role of religion at the conference,
“Religion is an important component of the work of the Party and
government. It plays a significant role in the overall development
of our undertakings.” He further pointed out, “To understand
today’s world, we must understand religion. We should never
underestimate the impact of religious issues on the current world
politics and social life.” (Ven. Xue Cheng "Some thoughts on
Chinese Religions in the New Century, in The Voice of Dharma,
Journal of the BAC, No.214, Jun., 2002).
13 La
WFB fut fondée au Sri Lanka en 1950 à l'initiative d'organisations
théravada. Son siège est à Bangkok.
15 La
Conférence consultative politique du Peuple chinois (Zhongguo
Rénmin Zhèngshi Xiéshang Huiyi, ou "Rénmin Zhèng Xié)
rassemble les huit partis et organisations ethniques et religieuses
alliées au PCC dès 1946 (Front Patriotique). Elle se réunit une
fois par an en même temps que l'Assemblée nationale populaire dont
elle remplissait le rôle jusquà la Constitution de 1954. Elle est
dirigée par un Comité central exécutif et remplit plus ou moins
le rôle d'une Chambre haute consultative.
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